C'est qu'il a besoin de voir du monde aujourd'hui le militaire, être seul avec ses pensées n'est pas la meilleure idée qui soit et pour l'instant il n'a personne à appeler dans ses contacts. Bien que sa première idée a été de sortir son téléphone pour joindre Sydney, avant de se souvenir qu'à cette heure là, elle est encore au commissariat. Tout le monde dans son entourage qui travaille, sauf lui, coincé chez lui à se remettre de son accident et le fil de sa dernière mission, dieu sait qu'il a pu la refaire mille fois pour essayer de trouver comment il aurait pu modifier la donne. Oui, ce n'est vraiment pas bon mais ça le frustre de ne pas pouvoir retourner au boulot, fermer son appartement et repartir sur sa base, repartir en mission. Tyler se refuse à voir la vérité en face que jamais il ne pourra réellement reprendre comme avant, se refuse à voir qu'il n'y a que deux solutions soit accepter un boulot derrière un bureau soit prendre sa retraite anticipée.

Donc, oui, il a besoin de voir du monde en ce milieu d'après-midi, alors il est allé faire quelques courses au centre ville avant de s'arrêter dans le Starbucks du coin. Il faut dire qu'il fait froid dehors, qu'il y a de la neige et des températures dont il se passerait bien le texan. Y pénétrant, il peut voir quelques jeunes à des tables avec leurs ordinateurs devant eux ou simplement leurs téléphones. Il peut voir aussi une dame âgée en grande conversation avec un gamin. Il peut voir quelques couples dans le fond de la salle entrain certainement de se susurrer des mots doux. Il a le temps de les regarder tous alors qu'il y a un peu de monde au comptoir et avant que ne vienne son tour.

Son double café noir sucré en main -ce qui a choqué la serveuse qu'il ne commande pas une de leur spécialité-, il se cherche une place. Optant pour s'installer près de la vitrine mais dans un recoin, le mur dans son dos et pouvant embrasser toute la pièce d'un seul regard. Il prend son temps le militaire, il observe tout ce qu'il se passe aussi bien à l'intérieur que dehors, toujours aussi surpris même après tout ce temps de voir que les centimètres de neige ne refroidissent pas les ardeurs des habitants. Qu'il y a autant de vie que s'il faisait beau.

Le temps passe comme ça et son café a le temps d'être fini et il a le temps de s'en prendre un autre, alors que d'autres personnes n'arrivent. Remarquant assez rapidement un jeune homme, du moins, a t-il l'air un poil plus jeune que lui et encore que. Le voyant qui semble chercher quelque chose du regard avant que Tyler ne le perde du regard quand une personne passe entre eux. Pour le retrouver quelques instants après dans la file des commandes, la main un peu trop près du sac d'une femme juste devant lui.

Lui qui ne voulait plus penser à ce qui peut lui arriver ou plutôt y penser le moins possible, il est servi sur ce coup là. Rien que le fait de voir de la vie ça lui fait du bien, tout comme la pensée que si les gens continuent de mener une vie normale c'est un tout petit peu grâce à lui qui a tant donné pour protéger sa patrie. Des choses dont toutes ces personnes n'auront jamais conscience et dont il ne pourrait de toute manière pas parler. Même s'il ne cherche pas la reconnaissance non plus, c'est simplement une pensée qui lui fait du bien. Il en est à son deuxième café et définitivement ses pensées noires ne risquent pas de revenir alors qu'il repère le manège de l'homme dans la file d'attente. Il a été formé à dénicher des terroristes et compagnie alors remarquer un voleur n'est pas bien difficile pour le militaire.

Le quittant le moins possible du regard pour voir s'il va vraiment oser terminer son geste et visiblement c'est bien le cas. Et là, une question morale vient dans son esprit ; ne devrait-il pas prévenir la police qu'il se fasse arrêter ? La logique voudrait que si mais est-ce qu'il est vraiment décidé à se mêler de ce genre de choses, en sachant d'avance tout ce que ça va impliquer derrière. Mais ne rien faire, ça va contre ses principes, contre tout ce qu'il peut croire. C'est à croire que ce dilemme moral accapare un peu trop son attention puisqu'il ne voit pas le fameux jeune homme approcher de sa table.

Ne relevant ses yeux émeraudes sur lui qu'au moment où l'autre peut s'asseoir en face de lui, ce qui l'en fait hausser un sourcil. Sacré culot celui-ci et en même temps Tyler se dit que l'autre ne doit pas avoir compris qu'il a été repéré. Poussant également jusqu'à faire l'idiot avec le téléphone et finalement ça l'amuse un brin le militaire comme le montre l'ombre de sourire sur son visage.

- Des gens louches ? Vous voulez dire autre que le voleur que j'ai sous les yeux ?

Tyler a toujours été franc, direct, pourquoi cela pourrait changer à cet instant. Certains auraient peut-être agit autrement, seraient peut-être rentré dans l'espèce de jeu de l'autre mais pas lui.

- De plus, qui vous dit que je n'ai pas sorti mon téléphone pour appeler les flics ?

Après tout, il aurait largement eu le temps de le faire entre le moment où il a vu l'autre opérer et le moment où il est venu se poser en face de lui. Mais sans doute est-ce une possibilité à laquelle l'autre n'a pas dû songer, se faire chopper ainsi, pour rester dans le coin et venir tranquillement s'installer de cette manière. Et d'ailleurs...

- Et sinon, hormis ça, vous le faites souvent de débarquer à la table des gens de cette façon ?

Une manière de repérer des proies possiblement. Le pire étant possiblement que Tyler s'exprime normalement sans chercher à se donner un ton particulier, comme si c'était une conversation on ne peut plus banale.

Il hésite quand même pas mal sur la marche à suivre le militaire, prévenir ou ne pas prévenir les flics, il devrait le faire mais oui il sait tout ce que ça va impliquer derrière et il n'en a pas envie. Alors oui, cela va contre ses principes mais en même temps il n'est pas un boy scout, il en a fait quelques unes des conneries dans sa jeunesse ou plutôt pendant son adolescence. Il avait une telle en colère en lui après la mort de son père qu'il a un peu déraillé mais cela a surtout été abuser de l'alcool ou encore déclencher des bagarres. Jamais il n'a volé et ça ne lui serait jamais venu à l'esprit non plus. D'un autre côté, ce n'est pas un ado qu'il a en face de lui mais bel et bien un adulte. Quoi que. En voyant la manière dont il se comporte, la question peut se poser.

Les questions qu'il peut lui poser sont surtout pour se foutre un peu de lui, pour lui montrer que Tyler ne rentrera pas dans son jeu même s'il est un brin amusé par la situation. À la première répartie que l'autre peut avoir, c'est un soupir qui vient accueillir ce qu'il peut entendre, un cliché de drague des beaufs dans les bars. Le militaire soupire surtout parce que c'est n'importe quoi et qu'il ne le prend pas du tout comme de la drague justement mais comme un moyen pour l'autre de se rendre intéressant. Le prouvant en enchaînant sur le fait d'avoir ou non appelé les flics.

- Ou alors, vous êtes si sûr de vous que vous ne pensez pas ça possible.

Confiance en soi ou plutôt connerie. De la connerie à l'état pure, c'est plutôt comme ça que Tyler peut le voir et comme il ne cherche pas à baisser le ton, n'importe qui passant trop près pourrait très bien l'entendre, les entendre. Le chapardeur a de la chance qu'il n'y ait pas tant de monde que ça et que le militaire ait choisit un coin encore plus tranquille pour s'asseoir.

- Si. Mais normalement elles ont des mini jupes.

Haussant un sourcil en regardant l'autre, l'air de dire que peut-être s'il en portait une. Même si et autrement dit, logiquement les mecs remarquent vite qu'ils ne jouent pas dans la même catégorie même si ça a pu arriver quelque fois. Et normalement c'est lui qui drague et pas l'inverse même si depuis son "accident", il ne le fait plus trop pour ne pas dire pas du tout. Et l'autre homme qui continue de faire le malin avec cette nouvelle question, Tyler prenant le temps de boire une gorgée de son café sans le quitter des yeux avant de lui répondre d'une voix un peu plus claquante.

- Force spéciale de l'US army.

Tyler sait que la majeure partie du temps quand il dit, à des civils, ce qu'il fait dans la vie, ça jette un froid. Un sacré froid même. Les gens ne savent jamais comment réagir, ce qu'ils doivent lui dire ou ne pas lui dire. Bon, on passera sur le fait qu'en disant ça, il en a un pincement au coeur étant donné que ça ne va pas durer bien longtemps. Il ne veut pas y penser mais il s'attend à recevoir d'un moment à l'autre un coup de fil, un mail, une lettre de l'armée pour lui dire qu'il doit retourner à la vie civile.

Cette rencontre c'est du grand n'importe quoi du point de vue de Tyler, la quatrième dimension et compagnie. Le militaire se demandant également si l'autre se comporte tout le temps comme ça envers des inconnus ou s'il a le droit à un traitement spécial. Et là, il ne parle plus du côté voleur de l'équation mais du côté drague lourde. L'autre a de la chance que Tyler soit non seulement plus qu'ouvert d'esprit -si on peut dire ça comme ça- mais qu'il soit également suffisamment à l'aise avec sa propre sexualité pour ne pas lui en coller une. Chose qu'il trouve ridicule soit dit en passant mais il a régulièrement vu les faits se terminer ainsi. Aussi cliché que ça puisse être, c'est même fréquent dans l'armée que certains en viennent aux poings comme ça.

Le nouveau shérif qui est canon, s'il le dit, Tyler n'en a strictement aucune fichue idée, c'est bien pour ça qu'il ne réagit pas du tout à cette remarque là. Il a de toute manière autre chose à penser que ça. Lui accordant pourtant un "J'en doute pas" à sa répartie concernant les jupes, à l'aise avec lui-même on a dit. Et puis il persiste à trouver la situation un brin amusante, du n'importe quoi amusant et qui lui change bien les idées ce dont il avait donc grandement besoin.

Bien que cela change assez rapidement avec la nouvelle question qui arrive, même si son interlocuteur ne peut pas le savoir du coup. Mais en même temps, peut-être est-ce un moyen inconscient de le faire taire vu que généralement ça jette un froid dans la conversation quand il dit ce qu'il peut faire. Sur le moment, Tyler ne peut pas dire si ça va jeter un froid mais il ne manque pas le fait que l'autre manque de s'étouffer dans sa boisson. Se retrouvant rapidement à hausser un sourcil quand il assiste à la suite des réactions de l'autre et entend son exclamation. Cool, non ce n'est pas cool du tout, enfin ça a pu l'être mais la réalité fait que ça ne l'est pas. Même s'il pouvait encore servir en étant à 100% de ses capacités.

- Colonel. 75e régiment de rangers.

Officier supérieur, comme on dit. Un des grades les plus élevés qui soit puisque derrière c'est passer Général, chose qui ne lui arrivera de toute manière pas et qu'il n'aurait pas voulu puisque cela aurait voulu dire être moins sur le terrain et en opération. S'attendant d'avance à la blague de merde que son vis à vis va pouvoir lui faire, vu que sa branche est plus que mal connue et confondue avec cette connerie de vieille série.